Long de près de 500 km, la Dordogne prend la direction de l’Atlantique avec un débit de plus de 250 mètres cubes seconde à Bergerac. En amont, en Corrèze, elle déboule par Bort-les-Orgues et crée une frontière naturelle avec le Cantal avant de s’échapper par Beaulieu-sur-Dordogne. Elle offre souvent des points de vue exceptionnels et continue à être une source… d’inspiration.
À Louis-Olivier Vittet, écrivain corrézien, n’allez surtout pas parler de "rivière" pour évoquer la Dordogne. Celui qui a grandi près de la "Rivière Espérance" (le nom donné à la célèbre trilogie, d’un autre écrivain cette fois-ci, Christian Signal), tient à corriger une erreur, très et trop souvent commise, notamment sur les documents touristiques. Il le martèle et a raison de le rappeler, un brin désabusé : la Dordogne est d’abord un fleuve comme le sont la Loire ou la Seine. Car, près de la Dordogne, on n’est pas peu fier d’avoir grandi et habité encore près de ce fleuve emblématique de la Corrèze, fleuve domestiqué par la main de l’Homme dans la seconde moitié du XXe siècle. Il représente bien plus que l’écoulement de l’eau qui arrive de l’Auvergne voisine.
La Dordogne, c’est d’abord une façon d’être, voire une raison d’être, des odeurs caractéristiques, des espèces faunistiques et floristiques typiques, des petites et des grandes histoires, des parties de pêche aux goujons à la construction des barrages qui donneront une autre allure au fleuve sans parvenir à modifier son ADN.
De points de vue en points de chute
Louis-Olivier Vittet habite près du fleuve. Il est, aussi et surtout, habité par la Dordogne. Il défend avec opiniâtreté les lieux. Il en connait tous les recoins. Il aime à le dire : c’est son "port d’attache". Entre traditions et histoires, l’écrivain corrézien rappelle la destinée du fleuve : les malpas, les barrages, les eaux noires, les gabares, les milans royaux, les marins… Il vous emmène du barrage de l’Aigle à Bort-les-Orgues, d’Argentat à Spontour en passant par Neuvic, des chemins creux qui jouxtent le fleuve aux surprenants points de vue surplombant la Dordogne. Il est intarissable. Un flux continu où s’entrechoquent des souvenirs, des anecdotes, des sentiments…
Le belvédère de Gratte-Bruyère ? C’est à Sérandon, près de Neuvic, en face du département voisin du Cantal. Le lieu offre un panorama extraordinaire sur la Dordogne à vous donner des frissons : "c’est un des meilleurs endroits sur terre pour faire la sieste" indique Louis-Olivier Vittet. "C’est un endroit avec une vibration dans la terre qui est tout à fait particulière".
Le plus beau réservoir à rêves de notre région
"Le fleuve coule encore, il est là au fond. Les habitants qui ont connu la vallée autrefois disent tous la même chose "ce qui nous manque c’est le bruit de la Dordogne". Quand on vide les barrages, le premier bruit que l’on entend, c’est celui du fleuve. Ce qui me fascine c’est aussi ce que l’on ne voit plus". Il faut en effet rappeler que de nombreux hameaux et autres villages ont été définitivement engloutis après la construction des barrages. Le village englouti de Nauzenac en est l’illustration : "le Saint-Tropez de la vallée. Pour y aller, la route existe encore". Elle plonge dans désormais dans le fleuve…